Rénovation énergétique : un 1ᵉʳ semestre 2024 très en deçà des objectifs

Les rénovations par geste en berne : moitié moins de dossiers déposés

MaPrimeRénov’ 2024 : chronologie d’une réforme ratée 

Les rénovations monogeste – un unique geste de travaux – telles que l’installation d’une pompe à chaleur ou le remplacement de fenêtres, avaient été dépriorisées par le Gouvernement au 1^er janvier 2024. L’Anah misait sur les rénovations d’ampleur, combinant plusieurs travaux. Bien que plus efficaces, celles-ci sont également beaucoup plus coûteuses et complexes à réaliser. 

Dès mars 2024, constatant la baisse drastique du nombre de dossiers déposés, le Gouvernement a revu sa copie et a mis en place une version assouplie de MaPrimeRénov’, réintroduisant les aides pour les monogestes, à partir du 15 mai. 

Cette réintroduction semble avoir porté ses fruits. À la fin du mois de mars, seuls 57 000 dossiers avaient été déposés. Au 2^e trimestre 2024, encouragés par la réforme de MaPrimeRénov’ entrée en vigueur le 15 mai, 68 000 ménages ont déposé leur dossier pour financer un geste simple de travaux. 

Le dépôt de dossiers baisse de 56 % au S1 2024 par rapport au S1 2023

La réforme de la réforme est cependant arrivée trop tard pour relancer la machine de la rénovation énergétique, qui a pâti des atermoiements et changements de cap gouvernementaux. Alors que le 1^er semestre 2023 avait enregistré 284 000 dépôts de dossiers, ce trimestre n’en comptabilise que 125 000, soit une baisse de 56 %. 

En détail, pour les monogestes :  

• 125 000 ménages ont déposé un dossier depuis le début de l’année ; 
• 140 000 logements ont été rénovés ; 
• 556 millions d’euros ont été accordés.

La rénovation par geste a bénéficié à : 

• 45 % de ménages très modestes ;
• 24 % de ménages modestes ;
• 31 % de ménages intermédiaires. 

Le montant moyen des travaux s’élève à 12 400 €, tandis que la subvention moyenne accordée par MaPrimeRénov’ est de 3 800 €. 

Quels sont les travaux les plus financés ?

Le changement de mode de chauffage occupe les deux premières places du podium et représente 78 % des travaux : 

1. pompe à chaleur air-eau : 37 000 appareils installés ;
2. poêle à granulés : 34 000 appareils installés ;
3. chauffe-eau thermodynamique : 10 000 appareils installés. 

Le succès du poêle à granulés s’explique probablement par la volonté des particuliers de bénéficier des aides avant leur baisse de 30 % pour le chauffage au bois en date du 1^er avril.

Les rénovations d’ampleur restent très loin du compte 

Les rénovations globales, objectif prioritaire du Gouvernement, ont légèrement décollé, avec 35 000 dossiers engagés au 1^er semestre 2024, contre 26 500 sur la même période en 2023, soit une progression de 32 %. 

Cependant, cette progression reste bien en deçà de l’objectif de 140 000 rénovations globales fixé par le Gouvernement pour 2024 – objectif déjà revu à la baisse. 

Détail des rénovations globales : 

• 35 000 dossiers ont été déposés ;
• 20 000 logements ont été rénovés ; 
• 483 millions d’euros d’aides ont été accordés ;
• 75 % des dossiers concernent des passoires thermiques (étiquette énergétique F ou G) ; 
• le coût moyen des travaux est de 55 000 euros, avec une aide moyenne de 37 000 euros. 

En parallèle, le nombre d’Accompagnateurs Rénov’, les experts nécessaires pour accéder au parcours de rénovation d’ampleur, a augmenté. Actuellement, 3 300 accompagnateurs sont agréés par l'État.

L’avis d’Hello Watt

Malheureusement, la réforme du 1^er janvier 2024 a manqué ses objectifs, notamment en ce qui concerne la simplification des démarches et l’accessibilité des subventions. 

La complexité accrue des dossiers a découragé de nombreux ménages à entreprendre des travaux de rénovation énergétique. À ce jour, seulement un milliard d’euros du budget prévu de 4 milliards pour 2024 a été attribué, ce qui est symptomatique d’un dispositif si complexe que les ménages n’en bénéficient que partiellement. 

L’objectif de la réforme du 1^er janvier était de privilégier les rénovations d’ampleur. Bien que le nombre de dossiers déposés ait augmenté, nous sommes encore loin des objectifs fixés. De plus, la priorisation des rénovations globales s’est faite au détriment de la rénovation par geste. 

Au 1^er semestre 2024, 160 000 logements ont été rénovés, un chiffre bien en deçà de l'objectif de 370 000 rénovations par an fixé par la stratégie nationale bas carbone pour atteindre les objectifs de neutralité carbone des bâtiments résidentiels. 

Hello Watt appelle à plus de stabilité en 2025, avec le maintien des subventions pour les monogestes tout en continuant de promouvoir les rénovations d’ampleur.

Source : Anah, Bilan de MaPrimeRénov' au 1^er semestre 2024.