MaPrimeRénov’ risque de perdre 1,3 milliards d’euros en 2025

L’heure est aux restrictions budgétaires

Le Premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal, a adressé le 20 août des “lettres plafonds” aux ministères, fixant le plafond des crédits et des effectifs pour l’année à venir.

Bien que le Gouvernement démissionnaire ait annoncé une stabilité des crédits alloués pour le budget 2025 par rapport à 2024, l’impact de l’inflation induit de réaliser 10 milliards d’euros d’économies. Le budget du ministère du Travail est par exemple particulièrement affecté, avec une coupe prévue de 3 milliards d’euros. 

Le ministère de la Transition écologique n’est pas épargné

Le site d'information Contexte a révélé hier, jeudi 29 août, avoir eu accès à la lettre plafond adressée au ministère de la Transition écologique, qui devrait également souffrir de sérieuses coupes budgétaires. Les principaux dispositifs destinés à réduire les émissions de gaz à effet de serre des secteurs les plus polluants sont touchés : 

• -1,3 milliard d’euros pour MaPrimeRénov’, le principal système d’aide à la rénovation énergétique ; 
• -500 millions d’euros pour les aides à l’électrification des véhicules ;
• -1,5 milliards d’euros pour le Fonds vert, destiné à financer des projets écologiques présentés par les collectivités locales. Le Fonds vert ne serait plus financé qu’à hauteur de 1 milliard d’euros en 2025, une baisse de 60 %. 

MaPrimeRénov’ perd 2,3 milliards entre le budget 2024 initial et le budget 2025 

En septembre 2023, le budget initial de MaPrimeRénov’ 2024 avait été fixé à 5 milliards d’euros – dont 1 milliard alloué aux copropriétés. Il avait ensuite été réduit d’un milliard d’euros par Bercy dès février 2024. 

Avec la nouvelle coupe de 1,3 milliards prévue par la lettre plafond, le budget 2025 de MaPrimeRénov’ devrait donc s’élever à 2,7 milliards. Un pas en arrière par rapport au budget 2023 qui atteignait 3,4 milliards d’euros !

L’ “effort historique” loué par le Gouvernement en septembre 2023, au moment d’annoncer le budget de 5 milliards dédié à MaPrimeRénov’ 2024, semble donc enterré.

Cette décision survient alors même que le Conseil d’analyse économique, un organisme d’économistes indépendants conseillant le Premier ministre, a récemment souligné dans une étude l’urgente nécessité de sanctuariser un budget annuel de 8 milliards d’euros d’aides à la rénovation énergétique.

Un mauvais signe pour le financement de la transition écologique

La lettre plafond fixe un cadre budgétaire que le futur Gouvernement ne sera pas contraint de suivre à la lettre, et certaines coupes seront probablement retoquées au Parlement. Ces projets de restrictions n’augurent cependant rien de bon pour la transition écologique. 

Le mois de septembre sera consacré à une série d’examens et d’avis, et le projet de loi de finances pour 2025 devra être déposé au Parlement le 1^er octobre.

L’avis d’Hello Watt 

Hello Watt juge cette réduction budgétaire irresponsable et inopportune dans un contexte de forte hausse des prix de l’énergie pour les particuliers (+50 % en deux ans), alors qu’il est indispensable d’accompagner les foyers dans la réduction de leur consommation d’énergie. Le marché de la rénovation énergétique peine déjà à trouver son équilibre et cette coupe budgétaire risque d’aggraver encore la situation. 

En comparaison, des montants considérables ont été alloués au bouclier tarifaire (72 milliards d’euros sur la période 2021-2024), une mesure de crise dont les effets se limitent au court terme. MaPrimeRénov’, avec un budget bien moindre, offre des bénéfices durables en matière de transition énergétique et réduit les factures sur le long terme. 

Le secteur a besoin de stabilité pour se développer de manière durable. Les changements fréquents et imprévisibles dans les dispositifs d’aides perturbent le marché et découragent les particuliers. Il est crucial de maintenir, voire d'augmenter, le soutien à des initiatives comme MaPrimeRénov’, qui sont essentielles pour atteindre les objectifs climatiques que la France s’est fixés.